Par Harmony Csopaki, orthophoniste et co-gérante de Calipeton Formations, en collaboration avec Aurélie Araujo, kinésithérapeute spécialisée.
Présentation d’Aurélie Araujo, kinésithérapeute spécialisée en pelvi-périnéologie
Aurélie Araujo exerce comme kinésithérapeute dans le sud de Toulouse depuis 2006. Très tôt dans sa carrière, elle s’est consacrée exclusivement à la rééducation pelvi-périnéale, prenant en charge les hommes, les femmes et les enfants, notamment dans les contextes de grossesse, post-partum et troubles abdominaux.
Animée par une volonté de recherche et de transmission, elle a complété sa pratique clinique par un master en santé publique, obtenu en 2024, puis a entrepris un master 2 en ingénierie des sciences de l’éducation à la santé et en éducation thérapeutique. Ces formations lui permettent aujourd’hui d’articuler pratique, pédagogie et approche scientifique de la rééducation pelvi-périnéale.
Qu’est-ce que la rééducation pelvi-périnéale ?
Le terme peut paraître technique, mais la rééducation pelvi-périnéale concerne en réalité un ensemble de structures interdépendantes.
Aurélie l’explique avec une image parlante : imaginez que votre caisson abdominal est une maison :
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Le sol : la musculature périnéale, qui soutient les organes pelviens (vessie, utérus, rectum).
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Les murs : les abdominaux et les muscles du dos.
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Le toit : le diaphragme, qui assure la respiration et la gestion des pressions internes.
Pour qu’un corps fonctionne harmonieusement, tous ces éléments doivent travailler ensemble. La rééducation ne se limite donc pas au périnée : elle englobe aussi la respiration, la posture et la coordination abdominale.
Les principales indications : comprendre les motifs de consultation
Les patientes consultent pour des raisons variées, mais Aurélie distingue plusieurs grands profils selon l’âge et la situation :
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Avant 50 ans : les patientes présentent souvent une incontinence urinaire d’effort, survenant lors du sport, des rires ou des éternuements.
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Après 60 ans : les troubles évoluent vers des incontinences par urgenturie (envies pressantes et fréquentes d’uriner, parfois accompagnées de fuites).
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Vers 70–80 ans (et parfois plus tôt) : on observe davantage de prolapsus ou chutes d’organes. Ces troubles peuvent survenir après une grossesse, mais aussi à la ménopause, période marquée par un relâchement musculaire et ligamentaire.
Aurélie précise également qu’il existe des incontinences mixtes, combinant effort et urgence. La diversité des symptômes nécessite donc une évaluation personnalisée et fine du périnée et de ses interactions avec le reste du corps.
Avant et après la grossesse : des approches adaptées
Une femme peut consulter pour une rééducation périnéale à tout âge de la vie : à l’adolescence, avant une grossesse, pendant, ou après l’accouchement.
La prise en charge dépend avant tout de la symptomatologie :
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Certaines patientes viennent avant la grossesse pour un bilan préventif. Cela permet de comprendre comment fonctionne leur périnée, de repérer d’éventuelles faiblesses et de recevoir des conseils personnalisés.
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D’autres consultent après l’accouchement, souvent sans connaître l’état initial de leur périnée — ce qui rend plus difficile l’évaluation des changements.
Aurélie insiste sur l’intérêt d’un bilan périnéal avant la grossesse, afin d’optimiser la récupération post-partum :
“Si on est déjà incontinent avant la grossesse, on a plus de risque d’avoir des incontinences après. À l’inverse, une meilleure compétence périnéale avant la grossesse favorise une récupération plus rapide et plus complète après.”
La prévention, un acte encore trop rare
Malgré son importance, la prévention périnéale reste marginale.
Peu de femmes consultent spontanément avant la grossesse, souvent faute d’information ou de remboursement. En effet, la Sécurité sociale ne prend pas en charge les bilans préventifs.
Certaines patientes parviennent à obtenir une ordonnance après discussion avec leur médecin, mais il faut parfois “trouver un motif” pour que la séance soit remboursée. Aurélie déplore cette situation :
“Ce serait un vrai progrès que de considérer ce bilan comme un acte de prévention essentiel pour la santé des femmes.”
Les axes de travail en rééducation : une approche globale
Chaque rééducation débute par un bilan précis afin de déterminer la nature du trouble :
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Incontinence d’effort : souvent liée à une mauvaise coordination entre abdominaux et périnée. Le travail consiste à réapprendre à mobiliser ces deux zones de manière complémentaire.
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Incontinence par urgenturie : la rééducation débute généralement par une approche comportementale, centrée sur les habitudes mictionnelles et alimentaires.
Aurélie apprend aux patientes à :-
Espacer correctement les passages aux toilettes,
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Identifier les boissons excitantes pour la vessie,
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Réaliser des contractions réflexes pour calmer les envies pressantes (grâce au réflexe 3 de Mahony).
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Quelle que soit la pathologie, l’objectif final est toujours d’intégrer le périnée au fonctionnement global du corps : respiration, posture, abdominaux et dos.
Les conseils d’hygiène de vie, fondement de la rééducation
Aurélie le rappelle :
“C’est la base.”
Une bonne rééducation commence par des habitudes de vie équilibrées :
boire suffisamment, ne pas se retenir trop longtemps, éviter les comportements délétères pour la vessie.
Sans ces fondations, aucune rééducation durable n’est possible.
Les méthodes comportementales et la rééducation personnalisée
L’un des volets essentiels de la rééducation pelvi-périnéale repose sur les méthodes comportementales, particulièrement dans les cas d’urgenturie.
Aurélie Arojouf explique que la vessie doit fonctionner selon des rythmes physiologiques bien précis :
“Les mictions sont censées avoir lieu toutes les deux à trois heures — jamais moins, jamais plus.”
Les patientes apprennent donc à observer leurs habitudes urinaires à l’aide de calendriers mictionnels. Ce suivi permet de repérer les schémas inadaptés, comme les envies trop fréquentes, et d’instaurer progressivement un rythme normalisé.
La thérapeute enseigne également des techniques de contraction périnéale réflexe pour retarder l’envie d’uriner, renforcer le contrôle et apaiser la vessie.
Durée et évaluation de la rééducation
La durée d’une rééducation varie grandement d’une patiente à l’autre.
“C’est très variable, mais l’avantage, c’est que ces patientes sont extrêmement motivées. Une incontinence urinaire gêne le quotidien, donc elles s’impliquent beaucoup.”
En moyenne, Aurélie planifie quinze séances, à l’issue desquelles un nouveau bilan est réalisé.
Trois cas de figure se présentent alors :
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Les symptômes ont disparu : la rééducation peut être arrêtée.
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Une amélioration partielle : on prolonge ou renouvelle les séances.
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Aucune amélioration notable : la patiente est orientée vers un autre professionnel de santé, car le problème peut être anatomique ou neurologique, nécessitant un avis spécialisé (neurologue, urologue, chirurgien…).
Une collaboration interdisciplinaire
La kinésithérapie périnéale ne se pratique pas en vase clos.
Aurélie collabore étroitement avec différents spécialistes médicaux selon la sphère concernée :
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Urologues et gynécologues pour les troubles urinaires et génitaux,
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Gastro-entérologues pour les problématiques digestives et anorectales,
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Sages-femmes pour le suivi post-partum, bien qu’elles ne puissent pas prescrire d’actes de kinésithérapie.
Cette coordination pluridisciplinaire permet de proposer une prise en charge cohérente, respectant la complexité du corps féminin.
Après une chirurgie : la place de la rééducation
La question de la rééducation postchirurgicale reste encore mal encadrée.
Aurélie déplore que les médecins prescrivent peu de séances de kinésithérapie après une chirurgie du prolapsus (chute d’organe).
Pourtant, les recommandations officielles de 2021 laissent la décision “au choix du chirurgien”, selon les besoins de la patiente.
“Un organe ne chute pas sans raison. Très souvent, c’est un problème de gestion des pressions internes, de posture ou de respiration.
Si on opère sans avoir corrigé ces causes, on risque de reproduire le même schéma après l’intervention.”
Ainsi, même après une chirurgie réussie, l’absence de rééducation fonctionnelle peut conduire à une récidive ou à une plainte similaire à celle d’avant l’opération.
La rééducation apparaît donc comme un complément essentiel à la chirurgie, non comme une alternative.
Une rééducation qui concerne aussi les hommes et les enfants
Souvent associée à la femme, la rééducation pelvi-périnéale concerne en réalité toutes les tranches d’âge et les deux sexes.
Chez les femmes
On distingue la sphère antérieure (vessie, utérus) et la sphère postérieure (rectum). Les troubles traités incluent :
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Les incontinences urinaires ou anales,
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Les prolapsus,
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Les constipations fonctionnelles,
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Les fuites de gaz.
Chez les hommes
La kinésithérapie s’applique notamment aux troubles prostatiques (adénome, chirurgie de la prostate), aux incontinences urinaires post-opératoires et aux troubles de la sphère anorectale.
Chez les enfants
La prise en charge pédiatrique cible les troubles de la propreté :
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Enurésie nocturne (pipi au lit après 5 ans),
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Fuites urinaires diurnes,
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Encoprésie (émission involontaire de selles),
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Incontinence d’effort (au sport, au fou rire…).
“On commence à partir de 5 ans,” précise Aurélie,
“car avant cet âge, le système nerveux n’est pas encore assez mature, et les enfants ont du mal à comprendre ce qu’on attend d’eux.”
Un cas concret : quand la sphère fonctionnelle s’entremêle au développement global
Pour illustrer la complexité de ces interactions, Harmonie partage l’histoire d’un jeune patient de six ans.
Initialement suivi pour un trouble articulatoire, l’enfant présente en réalité un ensemble de signes fonctionnels : respiration buccale, mastication insuffisante, mauvaise occlusion dentaire et sommeil perturbé.
En creusant, Harmonie découvre une énurésie nocturne importante et des fuites diurnes récurrentes.
“Je me suis dit qu’il fallait peut-être que je l’oriente vers une kinésithérapeute spécialisée dans la prise en charge des enfants,” raconte-t-elle.
Aurélie confirme immédiatement :
“Tu ne régleras jamais l’énurésie si tu ne règles pas d’abord les problématiques de la journée.”
Ce cas illustre à quel point les fonctions oro-faciales, posturales et périnéales sont interconnectées. Une approche globale et coordonnée est indispensable pour un développement harmonieux de l’enfant.
L’importance des exercices à domicile
La réussite de la rééducation dépend en grande partie de l’implication personnelle des patientes (ou des parents, dans le cas des enfants).
“Je leur dis toujours que je sème des graines, et que c’est à elles de les faire pousser.”
Les exercices pratiqués à la maison permettent de renforcer les apprentissages faits en séance : gestion des pressions, respiration, coordination abdominaux-périnée.
Sans cette participation active, les progrès sont limités.
Heureusement, comme le souligne Aurélie avec le sourire :
“Les patientes sont très motivées. Elles comprennent vite, surtout avec un peu d’éducation thérapeutique. Ce n’est pas comme certaines pathologies où il faut les relancer sans cesse.”
La prévention : un champ encore limité en France
Lorsqu’on évoque la prévention périnéale, le constat est sans appel :
“C’est inexistant, j'exagère, des choses se créent”, affirme Aurélie sans détour.
Parler du périnée reste tabou dans notre société, et la majorité des femmes ne reçoivent aucune information préventive avant la survenue de symptômes.
La rééducation intervient souvent trop tard, alors qu’une simple évaluation ou quelques séances éducatives en amont pourraient éviter bien des complications.
La rééducation comportementale : comprendre et corriger les habitudes
Dans le cadre des troubles urinaires, Aurélie Arojouf explique qu’un travail comportemental précis accompagne toujours la rééducation périnéale.
Prenons l’exemple des incontinences par urgenturie : la patiente apprend à reprogrammer ses habitudes mictionnelles.
“Les mictions sont censées avoir lieu toutes les deux à trois heures, jamais moins de deux, jamais plus de trois”, précise Aurélie.
Pour cela, la kinésithérapeute met en place plusieurs outils :
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Un calendrier mictionnel, que la patiente remplit pour observer la fréquence et la régularité de ses passages aux toilettes.
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Des exercices de contraction périnéale visant à retarder progressivement les envies pressantes, jusqu’à retrouver un rythme physiologique normal.
Cette approche éducative, patiente et progressive, permet de reprendre le contrôle de sa vessie et de restaurer la confiance dans les sensations corporelles.
Le déroulement et la durée d’un programme de rééducation
La durée de la rééducation dépend de nombreux facteurs : type de trouble, engagement de la patiente, antécédents, ou encore tonicité du périnée.
Cependant, Aurélie observe une constante encourageante :
“Ce sont des patientes très motivées, car l’incontinence est un véritable handicap au quotidien.”
En général, un protocole standard comprend 15 séances, à l’issue desquelles un bilan intermédiaire permet d’évaluer les progrès :
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Si les symptômes ont disparu, la rééducation peut s’arrêter.
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Si des améliorations sont notables mais incomplètes, un renouvellement de séances peut être proposé.
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Si aucune évolution n’est constatée, la kinésithérapeute oriente la patiente vers d’autres professionnels pour rechercher une cause anatomique ou neurologique.
“On peut avoir un tissu qui a lâché, ou un problème nerveux. Dans ces cas-là, une prise en charge chirurgicale peut être nécessaire.”
Une prise en charge pluridisciplinaire indispensable
La rééducation pelvi-périnéale ne se pratique pas en vase clos. Aurélie souligne l’importance du travail en réseau avec différents professionnels de santé :
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Urologues et gynécologues, pour les troubles urinaires et les prolapsus,
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Gastro-entérologues, pour les troubles digestifs et anorectaux,
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Sages-femmes, notamment dans le suivi post-partum, même si elles ne peuvent pas prescrire de séances de kinésithérapie.
Cette collaboration permet d’assurer une prise en charge globale, coordonnée et adaptée à chaque patiente.
Chirurgie et rééducation : un duo encore trop rare
En cas d’échec de la rééducation, une intervention chirurgicale peut être envisagée, notamment pour les prolapsus.
Pourtant, la kinésithérapie devrait aussi avoir toute sa place avant et après l’opération :
“Un organe ne chute pas sans raison. Souvent, il y a un problème de gestion des pressions abdominales. Si on n’a pas travaillé ça avant, l’opération ne règle pas la cause.”
Malheureusement, les recommandations actuelles — comme celles publiées en 2021 sur le prolapsus — laissent la rééducation à la discrétion du chirurgien.
Résultat : peu de patientes bénéficient d’un accompagnement post-chirurgical, ce qui augmente le risque de rechute ou de persistance des symptômes.
Une prise en charge pour tous : femmes, hommes et enfants
Si la majorité des patientes sont des femmes, Aurélie rappelle que la rééducation pelvi-périnéale concerne aussi les hommes et les enfants.
Chez la femme
Outre les incontinences urinaires, la kinésithérapie prend en charge :
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Les incontinences anales ou aux gaz,
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Les troubles de la constipation,
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Et bien sûr, les conséquences des grossesses et accouchements.
Chez l’homme
Les séances concernent principalement :
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Les troubles urinaires ou anaux,
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Les séquelles de chirurgie prostatique (comme après un adénome ou une prostatectomie).
Chez l’enfant
La rééducation s’adresse aux enfants à partir de 5 ans, âge auquel les systèmes nerveux et musculaires sont suffisamment matures pour être mobilisés.
Les principales indications sont :
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L’énurésie nocturne (pipi au lit après 5 ans),
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Les fuites urinaires diurnes,
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Les troubles de la défécation, tels que l’encoprésie (selles involontaires en dehors des moments adaptés).
Aurélie précise :
“On ne peut pas régler l’énurésie nocturne si on n’a pas d’abord réglé les fuites de jour.”
La rééducation permet alors à l’enfant de retrouver une continence complète, tout en améliorant son estime de soi et son confort social.
Former les kinésithérapeutes : transmettre les bases d’une pratique essentielle
En parallèle de son activité clinique, Aurélie Araujo anime une formation professionnelle chez Calipeton Formations, intitulée
“Rééducation pelvi-périnéale en kinésithérapie – les bases”.
Cette formation se concentre exclusivement sur la prise en charge féminine, avec un programme complet et progressif sur quatre jours :
Jour 1 : comprendre le corps
Un travail théorique sur :
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l’anatomie,
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la biomécanique,
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la physiopathologie,
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et la réalisation du bilan initial (interrogatoire et observation externe).
Jour 2 : explorer et évaluer
La deuxième journée approfondit le bilan interne, avec observation des structures musculaires, mesure de la force, de l’endurance et de la coordination.
Jour 3 : pratiquer et expérimenter
Une journée entière de mise en pratique, avec ateliers de biofeedback, bilans entre binômes, et initiation au toucher vaginal dans un cadre bienveillant et sécurisé.
Jour 4 : synthétiser et appliquer
Chaque pathologie est revue en détail (incontinence d’effort, urgenturie, mixte, prolapsus), avec les techniques adaptées pour chaque profil de patiente.
“On termine la formation en étant capable d’évaluer, comprendre et traiter les troubles les plus fréquents chez la femme.”
Trouver un professionnel formé : des ressources accessibles
Pour toute personne — patient, médecin ou professionnel de santé — cherchant un kinésithérapeute spécialisé en pelvi-périnéologie, l’annuaire de l’AFRePP (Association Française de Rééducation en Pelvi-Périnéologie) demeure la référence nationale.
Accessible librement en ligne, il répertorie actuellement plus de 900 praticiens adhérents répartis sur l’ensemble du territoire.
Aurélie précise toutefois qu’il existe également d’anciens listings ou annuaires étendus, comptant jusqu’à 2 000 noms de kinés formés — parfois non réadhérents, mais toujours actifs dans ce domaine.
“Si un professionnel ne figure pas dans l’annuaire, il ne faut pas hésiter à contacter directement l’AFRePP ou les associations locales pour obtenir des coordonnées.”
De plus en plus de structures régionales rejoignent aujourd’hui le réseau national :
en Bretagne, par exemple, le BKPP (Bretagne Kinésithérapie Pelvi-Périnéologie) travaille déjà en lien étroit avec l’AFRePP, et d’ici 2026, la majorité des associations locales devraient être intégrées au référencement national.
Ces initiatives renforcent la visibilité et la cohérence du réseau de kinésithérapeutes formés, facilitant l’orientation des patients vers les bons spécialistes.
Le périnée, cœur du mouvement et de la posture
Pour Aurélie Arojouf, le périnée n’est pas un muscle “à part” :
c’est le centre fonctionnel du corps humain.
“Le périnée, c’est la base de tout ce qu’on fait en rééducation.
Une patiente qui a un problème de cheville et un défaut périnéal, on ne peut pas la rééduquer correctement.”
Le message est clair : aucune rééducation, quelle qu’en soit la zone, ne peut être pleinement efficace sans un bon contrôle du caisson abdominal.
Le périnée travaille en synergie avec les abdominaux, le dos et la respiration — trois piliers qui assurent la stabilité et la gestion des pressions internes.
Aurélie rappelle également un lien souvent méconnu :
“Les patientes qui souffrent de lombalgies présentent plus fréquemment des troubles urinaires.”
Cette observation illustre l’importance d’une vision globale et intégrée du corps : comprendre comment chaque structure interagit permet une rééducation plus efficace et durable.
Une rééducation gratifiante et intellectuellement stimulante
Au-delà de la technicité du geste ou de la rigueur anatomique, la rééducation pelvi-périnéale est, selon Aurélie, une discipline profondément humaine et valorisante.
“Les patientes sont très actrices de leur traitement.
Elles s’impliquent, elles progressent, et c’est extrêmement gratifiant de les accompagner dans cette évolution.”
Chaque prise en soin devient un partenariat thérapeutique, basé sur la compréhension, la pédagogie et l’autonomie.
Pour la kinésithérapeute, c’est aussi une spécialité intellectuellement stimulante :
“C’est intéressant parce que ça nous pousse à réfléchir aux problématiques variées des patientes. On ne fait jamais deux prises en charge identiques.”
Ainsi, Aurélie encourage vivement ses confrères et consœurs à se former à la pelvi-périnéologie, même partiellement :
“Même si on ne souhaite pas pratiquer le travail interne, c’est essentiel d’avoir les bases.
Comprendre les pressions, la respiration, la posture… c’est utile dans toutes les rééducations.”
Une invitation à se former et à oser
Pour conclure l’entretien, Aurélie lance un message enthousiaste à destination de la communauté des kinésithérapeutes :
“C’est une belle rééducation à faire. Il faut se lancer.”
Ce domaine, à la croisée de la biomécanique, de la psychologie et de l’éducation thérapeutique, offre un champ d’action vaste et profondément utile.
Il permet non seulement d’améliorer la qualité de vie des patientes et patients, mais aussi de prévenir des troubles chroniques souvent tus ou négligés.
Et au-delà de la technique, c’est aussi une aventure humaine, faite de confiance, de bienveillance et de redécouverte du corps.
En savoir plus et se former avec Calipeton
Aurélie Araujo interviendra en 2026 pour deux sessions de formation “Rééducation pelvi-périnéale en kinésithérapie – les bases”, proposées par Calipeton Formations :
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Toulouse, en février 2026,
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Vannes, en mars 2026.
Ces quatre journées allient théorie, pratique et réflexion clinique pour permettre aux kinésithérapeutes d’acquérir les fondamentaux d’une rééducation efficace, globale et respectueuse du corps féminin.
Conclusion
La rééducation pelvi-périnéale ne se limite pas à un muscle ni à un symptôme.
Elle s’inscrit dans une dynamique de santé intégrée, où le périnée joue un rôle central dans la posture, la respiration, la stabilité et la confiance corporelle.
Grâce à des professionnelles engagées comme Aurélie Araujo, cette spécialité gagne en visibilité et en reconnaissance, ouvrant la voie à une meilleure prévention et à une approche plus globale du soin.
Ressources utiles :
AFRePP – Annuaire national des kinésithérapeutes en pelvi-périnéologie
Pour se former davantage sur cette thématique :