Le contexte
La grossesse est une période cruciale dans la vie d'une femme, marquée par des changements physiologiques et émotionnels significatifs. Les complications telles que le diabète gestationnel, la menace d'accouchement prématuré peuvent avoir des répercussions profondes, non seulement sur la santé physique, mais aussi sur les représentations maternelles et les mécanismes d'attachement avec le futur enfant.
L'attachement, aux prémices de la parentalité, correspond au lien
émotionnel créé par la femme enceinte envers son futur enfant, et se construit notamment à partir de la perception des mouvements foetaux entre la 16e et 20e semaine de vie intra-utérine. Puis les représentations maternelles s'enrichissent, à travers les pensées et le comportement chaleureux envers le foetus. Vers le 7e mois, le bébé devient viable et une base concrète formée par les sensations corporelles s'installe. Base bouleversée lorsque des complications surviennent générant du stress, de l'anxiété, des hospitalisations et examens à répétition.
Ainsi, l'hypothèse de départ serait que les futures mères connaissant des complications pré-natales pendant la grossesse seraient à risque d'un attachement moins sécure envers le bébé, de représentations plus négatives sur leur rôle de mère et les compétences du nouveau-né à la naissance, que les mères ayant une grossesse classique.
Les résultats
Les résultats de l'étude sont mitigés:
- certaines mères ressentiront un besoin de proximité et de fusion avec le bébé alors que d'autres mettront en place une distance émotionnelle. Les résultats sont en faveur d'un attachement prénatal plus élevé chez les mères qui subissent des complications. Cet attachement pourrait agir comme facteur de protection pour minimiser les représentations négatives autour du bébé et du futur rôle maternel.
- Les mères connaissant une menace d'accouchement prématurée semblent avoir des représentations significativement plus négatives sur leur enfant à naître et leur futur rôle maternel. De plus, ces inquiétudes entraînent des modifications hormonales: augmentation du cortisol, baisse de la sécrétion d'ocytocine qui influenceront également les compétences à s'attacher au bébé.
- Le vécu de deuils périnataux chez la future maman subissant des complications ne semble pas influencer plus négativement leur ressentis et représentations
- Il est important de souligner que si le désir de grossesse n'était pas présent (grossesse surprise), les complications connues altéreront davantage la positivité autour du bébé.
- De plus, globalement, toute future mère serait plus à même de construire des représentations positives de son futur bébé plutôt que d'imaginer sa capacité à être mère.
- La primiparité n'est pas un facteur de vulnérabilité supplémentaire.
Conclusion
Contrairement à l'hypothèse de départ, les femmes ayant des complications de la grossesse n’ont pas un attachement prénatal moindre comparées à celles ayant une grossesse typique, leur attachement apparaît au contraire, significativement plus élevé. Cependant, elles construisent des représentations plus négatives autour de l'enfant à naître et peuvent développer des complications psychologiques périnatales plus sévères, les interactions postnatales peuvent être alors impactées.
Ainsi, les supports en psychologie périnatale, les entretiens pré-natals précoces, le soutien du corps médical et paramédical semblent indispensables pour toutes les femmes qui connaissent des complications liées à la grossesse.
|Source|
Représentations maternelles et attachement prénatal chez des femmes
enceintes ayant des complications de la grossesse, M. Audic · A. Paul · J. Letot · J. Wendland, Périnat. (2023) 15:33-43. DOI 10.3166/rmp-2022-0185
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